Un petit regard à propos de notre regard sur les vieillards
Le vieillard est-il vaurien (vaut rien) ? interrogeait Jean Maisondieu.
Le vieillard on parle de lui mais on ne lui parle pas ! affirmait Louis Ploton.
Deux phrases, deux auteurs qui ont ouvert des pistes de réflexion dans notre regard sur les personnes âgées. Aujourd’hui les choses ont-elles vraiment changé ?
Pour l’accompagnant Jalmalv ces propos sur la valeur et la visibilité de la personne âgée ne sont pas concevables dans la mesure où l’attention et la bienveillance sont ses valeurs capitales. Lorsqu’il accompagne au titre de Jalmalv en EHPAD, l’accompagnant(e) se trouve dans une situation particulière. Représentant de la société, il n’a pas nécessairement le comportement sociétal habituel à l’égard des personnes âgées.
Qu’en est-il de ce comportement sociétal ?
Lorsque l’on rend visite à un proche à l’EHPAD (j’ai la chance d’avoir une mère très âgée à qui je rends visite régulièrement) les visiteurs, comme moi, n’entrent pas dans une maison ordinaire. Ils entrent dans un domicile, mais un domicile collectif.
Ces espaces collectifs, familles ou familiers les traversent non sans appréhension : visiter un proche en EHPAD rompt une part de l’intimité que l’on a eue lorsqu’on lui rendait visite, chez elle, où chacun était identifié, avait une place et où les échanges se faisaient entre tous. Cette visite, par contre, se fait sous les regards qui peuvent intimider et perturber la rencontre de ces personnes quelquefois un peu perdues.
Le regard des résidents, perdu dans le vague ou non, converge sur les visiteurs : tous attendent en retour leur attention. Il est souvent difficile de répondre à ces attentes car une certaine crainte, une peur quelquefois, s’empare du visiteur et modifie son orientation visuelle… ailleurs… comme s’il ne pouvait plus voir l’autre, comme s’il n’existait pas. Les visiteurs ne voient alors (ou ne veulent voir vraiment) que la personne qu’ils viennent visiter.
Pourtant, on peut poser vraiment un regard sur l’autre, âgé ou handicapé, oser une parole aussi et en premier lieu un petit »bonjour », ou un petit »comment allez-vous ? ». Il faut apprendre à dépasser nos réserves, nos mécanismes de défense et nos projections. Il convient de comprendre ou de faire comprendre que ce n’est pas la quantité de paroles qui importe mais leur qualité. L’attention à l’Autre nous humanise. La bientraitance commence avec ces attentions toutes simples. Ainsi le colibri de la forêt amazonienne disperse-t-il ses gouttes d’eau jusque dans les EHPAD !
Après avoir pris le temps de lire ces propos, vous aurez bien compris que le vieillard vaut et le ressent quand on lui parle et le regarde.
Pour la Commission Personnes Âgées – Christian Cotta
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