L’isolement des personnes âgées croît avec l’âge : coupées de leur environnement, elles sont tout simplement coupées de la vie; or vivre, exister c’est être en lien. Les femmes sont plus concernées que les hommes.
Plusieurs facteurs possibles : l’isolement géographique, la disparition de la cohabitation avec les générations suivantes entraînent l’isolement relationnel et social : or le manque de communication avec les autres est souvent facteur d’appauvrissement psychique avec perte des repères et de l’attention à soi.
La maladie est aussi source d’isolement : en période de covid, bien des personnes ont été totalement isolées dans les hôpitaux et sont mortes, seules, loin de leurs proches.
Autre facteur d’isolement, le développement d’internet. Beaucoup n’ont pas d’ordinateur ou ne savent pas se servir de cet outil numérique.
Dans notre société de productivité, de rentabilité, d’efficacité, il y a une sorte de « ghettoïsation », pour reprendre le terme du Comité Consultatif National d’Éthique, des personnes âgées. Quel est le sens de ces regroupements de personnes âgées dans les Ehpad en particulier ?
Et puis pensons aussi à toutes ces personnes qui s’adressent aux personnes âgées en des termes infantilisants qui contribuent à les isoler dans un monde où elles se sentent rabaissées et dans lequel on souligne leurs pertes et leurs manques. Pourtant vieillir, c ’est certes une accumulation de pertes mais c’est aussi porteur d’une richesse de vie et d’humanité. Les bénévoles en Ehpad savent la richesse des histoires qu’ils écoutent et qui sont parfois comme le souvenir d’un patrimoine antérieur.
L’isolement entraîne- t-il la solitude ?
Si l’isolement se mesure à la réduction des contacts avec autrui, l’isolement par rapport à la famille vient en tête des causes citées de solitude. Mais il y a d’autres raisons à la solitude qui est, à la fois, une composante irréductible de l’homme et une perception intime, un sentiment personnel propre à chacun.
L’échéance de la mort génère de la solitude. Le sentiment d’être inutile, d’être une charge pour autrui entraîne un repli sur soi. L’impression d’être étranger au monde actuel, de ne plus se reconnaître dans les valeurs ou les mouvements de la société confortent le sentiment de solitude. En Ehpad, certains choisissent de s’isoler en ne quittant pas ou peu leur chambre, pour vivre leur solitude, car ils ne supportent pas les autres qui pour eux sont « tous vieux et diminués » ! Le comportement antérieur des personnes âgées joue aussi un rôle dans le ressenti du sentiment de solitude ou non : ainsi une personne qui aura toujours été ouverte aux autres éprouvera moins de sentiment de solitude.
Pour nous bénévoles Jalmalv, notre position peut être celle qui consiste à redonner par notre présence attentive leur place de personnes toujours citoyennes donc vivantes avec leur histoire inscrite dans la grande Histoire, avec des droits, des devoirs, des désirs, des fragilités.
Pour la Commission Personnes Âgées
Véronique Bonin et Anita Van Damme
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